Pour les Belges, fini le Liban

Door Karolien Grosemans op 11 december 2014, over deze onderwerpen: Defensie

Les opérations de déminage et de marquage de la «ligne bleue» ont atteint leurs objectifs. C'était la dernière opération de l'ONU dans laquelle notre armée était engagée.

REPORTAGE

TIBNINE

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

Le Sud-Liban, une terre brune et rouge, splendide, où ne cesse d'affleurer une roche calcaire qui rend ce pays aussi magnifique qu'ingrat pour les cultures. Ici ne poussent que les oliviers et plantes cactées, pins, cèdres… et les portraits omniprésents d'Hassan Nasralah, le leader du Hezbollah, ou de l'ayatollah Khomeiny. Bien plus qu'ailleurs, rappelons qu'ici, c'est «Hezboland», et les soldats belges ne savent trop jusqu'où s'étend l'amitié de la population.

Mais pour l'armée belge, le Liban, c'est fini: en présence du ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) et d'une petite dizaine de membres de la commission parlementaire de la Défense, les couleurs de la Belgique ont été abaissées ce mercredi vers 13h30 locales, sur la plaine de parade de la base d'At-Tiri, au Sud-Liban, une base que les Belges partageaient jusqu'aujourd'hui avec les Finlandais et les Irlandais. Techniquement, le 22 décembre, un ultime avion militaire belge quittera Beyrouth emportant les derniers Belges déployés, ce qui mettra un terme à plus de huit années de présence continue.

Depuis septembre 2006, 5.550 soldats belges et luxembourgeois se sont relayés dans ce Sud-Liban, d'abord à Tibnine puis At-Tiri, les démineurs belges nettoyant 1,77 million de mètres carrés, et neutralisant 14.572 mines et explosifs. «Nous sommes tristes de devoir quitter le pays , note le lieutenant-colonel Eric Carette, de Morlanwez, qui commande le contingent belge. C'était peut-être une goutte d'eau dans l'océan, mais nous devons être fiers de ce que nous avons réalisé. » Dans cette opération, l'armée belge a perdu quatre hommes.

En dehors d'une présence résiduelle dans certains états-majors, le Liban représentait la dernière opération des Nations unies dans laquelle la Belgique était engagée. Faut-il le regretter? « Il n'y aura pas de participation belge à des opérations ONU en 2015, commentait ce mercredi le général Andries, chef du département stratégique de l'armée (DG Strat): Il y a bien des demandes mais, comme vous le savez, nous sommes obligés de faire des choix .» Quant au ministre Vandeput, il réfute une quelconque volonté de ne plus travailler avec les Nations unies: « Nous nous investissons là où nous pouvons apporter la plus grande plus-value. Ici au Liban, nous avons bien travaillé et je suis fier de nos soldats, mais le travail est fini. Ce n'est pas un choix délibéré de quitter le Liban: le travail est fini. »

Le maire de Tibnine, qui a fait visiter à la délégation belge l'hôpital gouvernemental de la ville (lequel doit beaucoup aux Belges) et inauguré une nouvelle stèle en hommage aux quatre soldats belges tombés au Liban, ne partage pas cette analyse: « Le travail réalisé par les Belges a été vital pour nous, et je pense qu'il pouvait se poursuivre, trois ans au moins. » Ceci étant, « l'important est que demeure la relation belgo-libanaise ». Ce que le ministre Vandeput a spontanément confirmé: la relation diplomatique n'est pas entamée.

Dans les faits, depuis plus de deux ans, le déminage et le marquage de la «ligne bleue» séparant Israël et le Liban venait doucement à son terme, et la Belgique tentait de trouver une nouvelle manière de se rendre utile au Sud-Liban. Il y avait bien une demande des Nations unies, mais à condition que les mondes politiques israélien et libanais prennent des initiatives constructives. Ce qui n'a pas été le cas.

Commence aussi à se développer une petite réticence militaire belge face aux opérations des Nations unies. « Tout a été parfait dans le cadre de l'opération menée au Liban », rassurent plusieurs généraux, mais deux d'entre eux au moins pointent – anonymement – une faiblesse: les missions des Nations unies sont remboursées, elles attirent donc beaucoup d'armées désargentées dont les standards de qualité ne sont pas toujours ceux de l'armée belge ou de ses alliés Otan. Et la représentation des nations participantes dans les états-majors se fait au prorata du nombre d'hommes que ces pays engagent sous drapeau ONU. Résultat: le commandement n'est pas toujours optimal, et la Belgique, par exemple, a eu à souffrir des conditions de son déploiement (un C-130 et son équipage) dans le cadre de la Monusco, la mission des Nations unies au Congo. Le matériel volant n'était pas sécurisé, l'équipage belge devait constater des vols de matériel.

Il reste qu'en revisitant ce mercredi tous les hauts lieux de ce que fut la présence belge au Liban, les parlementaires belges ont réalisé l'attachement réel de la population libanaise: « Nous n'étions pas conscients, au sein de la commission, de toute la gratitude ressentie par la population, explique Karolien Grosemans (N-VA), présidente de la commission de la Défense: l'hôpital, le déminage, etc. Cela m'a laissé une impression nouvelle. »

ALAIN LALLEMAND, Le Soir © 2014

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